Un enfant jouant activement exprimant ses besoins à travers différents jeux éducatifs et créatifs
Publié le 11 juin 2025

Contrairement à une idée reçue, le comportement difficile d’un enfant n’est pas une provocation, mais l’expression d’un besoin de développement fondamental.

  • Chaque action déroutante (jeter, grimper, dire « non ») est un signal qui révèle un besoin moteur, sensoriel ou émotionnel précis.
  • Le jeu n’est pas une récompense, mais l’outil le plus puissant pour répondre à ce besoin, apaiser la situation et renforcer le lien.

Recommandation : Apprenez à utiliser ce dictionnaire comportement-jeu pour transformer chaque moment de tension en une opportunité de connexion et de croissance pour votre enfant.

Le vase qui se brise, les feutres sur le mur, les cris stridents pour un biscuit… Chaque parent connaît ces moments d’exaspération où l’on a l’impression que notre enfant fait tout pour nous pousser à bout. La réaction instinctive est souvent de penser en termes de « caprice », de « test » ou de « provocation ». On nous conseille alors de poser des limites, d’être fermes, de ne rien laisser passer. Ces approches, bien que partant d’une bonne intention, se concentrent sur le symptôme et non sur la cause profonde du comportement.

Et si nous changions radicalement de perspective ? Si chaque action qui nous dérangeait n’était en réalité qu’un « langage comportemental », une tentative maladroite mais vitale de votre enfant pour communiquer un besoin impérieux non satisfait ? Un besoin de bouger, d’explorer, de se sentir en contrôle ou de se connecter émotionnellement. Ce changement de regard est la clé pour sortir de la logique de confrontation et entrer dans une dynamique de coopération. Il ne s’agit plus de punir une « bêtise », mais de comprendre le message caché derrière l’action.

Cet article n’est pas une liste de punitions ou d’astuces de discipline. C’est un décodeur. Un véritable dictionnaire conçu pour vous aider à traduire les comportements les plus déroutants de votre enfant en besoins ludiques fondamentaux. Pour chaque « problème », nous vous proposerons non pas une sanction, mais une invitation au jeu, la réponse la plus naturelle et la plus efficace pour nourrir le cerveau en plein développement de votre enfant et, par la même occasion, retrouver un peu de paix à la maison.

Pour ceux qui préfèrent un format visuel, la vidéo suivante propose une belle immersion en images dans l’univers des jeux en famille, complétant parfaitement les conseils pratiques de ce guide.

Pour vous guider dans cette nouvelle approche, nous avons structuré ce guide comme un véritable dictionnaire des comportements. Chaque section aborde une situation courante et vous donne les clés pour la décoder et y répondre par le jeu.

« Arrête de jeter ! » : et si c’était un besoin fondamental ? Comment canaliser cette énergie de manière constructive

Loin d’être un acte de défi, le jet d’objets est une étape cruciale du développement psychomoteur de l’enfant. En lançant, il ne cherche pas à vous énerver mais à comprendre des concepts aussi fondamentaux que la gravité, la trajectoire, et la permanence de l’objet. C’est une expérimentation scientifique à part entière qui nourrit son intelligence naissante. Ce comportement, qui peut sembler chaotique, est en réalité une manifestation de sa curiosité et de son besoin de maîtriser son environnement.

Cette phase est si universelle que, selon une étude, près de 80% des parents sont confrontés à ce défi lors du développement de leur enfant. Plutôt que de l’interdire, la solution est de le canaliser. Le besoin n’est pas de jeter la nourriture ou les objets fragiles, mais simplement de « lancer ». La nuance est essentielle. En comprenant cela, on passe d’une interdiction frustrante (« Arrête de jeter ! ») à une proposition constructive (« On ne lance pas la cuillère, mais tu peux lancer cette balle dans la boîte »).

Comme le souligne un expert du développement de l’enfant chez Pass Montessori :

Jeter des objets aide les bébés à comprendre les concepts de cause à effet et à développer la coordination œil-main.

– Expert du développement de l’enfant, Pass Montessori, Pass Montessori, 2025

Pour répondre à ce besoin ludique impérieux, organisez des jeux de lancer sécurisés. Des paniers à linge avec des balles en tissu, des chamboule-tout avec des gobelets en plastique, ou des jeux de quilles adaptés à son âge. Vous pouvez même en faire un rituel dans le bain avec des jouets qui flottent. En offrant un cadre sécurisé et acceptable pour cette exploration, non seulement vous préservez vos objets précieux, mais vous transformez une source de conflit en un moment de jeu et d’apprentissage partagé. Vous validez son besoin tout en lui apprenant les règles du contexte social.

Votre enfant grimpe sur les meubles ? Il a besoin de nourrir son « système vestibulaire ». 5 solutions pour l’aider

Quand un enfant escalade le canapé pour la dixième fois, notre premier réflexe est souvent de nous inquiéter pour sa sécurité et de l’interrompre. Pourtant, ce besoin irrépressible de grimper, tourner, se balancer n’est pas un caprice, mais une quête instinctive pour stimuler son système vestibulaire. Situé dans l’oreille interne, ce système est le centre de contrôle de l’équilibre, de la coordination et de la perception spatiale. Le « nourrir » est aussi vital pour lui que de manger ou dormir.

Un enfant qui cherche constamment ces sensations ne fait que répondre à un appel de son cerveau pour mieux se calibrer. Il construit sa sécurité intérieure, sa confiance en ses propres capacités motrices et même sa capacité à se concentrer plus tard à l’école. En effet, un système vestibulaire bien intégré est fondamental pour la régulation émotionnelle. Comme le dit un spécialiste, la stimulation vestibulaire aide au-delà de l’équilibre physique, jouant un rôle crucial dans la régulation émotionnelle et le sentiment de sécurité. En répondant à ce besoin, on ne fait pas que canaliser une énergie débordante, on construit les fondations de son bien-être futur.

Ce paragraphe introduit un concept complexe. Pour bien le comprendre, il est utile de visualiser ses composants principaux. L’illustration ci-dessous décompose ce processus.

Enfant effectuant diverses activités ludiques pour stimuler le système vestibulaire, avec balançoire, ballon et jeux de balancement

Comme le montre cette image, chaque étape joue un rôle crucial. Le flux de données est ainsi optimisé pour la performance.

L’objectif n’est donc pas de l’empêcher de bouger, mais de lui offrir des alternatives sécurisées et encore plus satisfaisantes que le dossier du fauteuil. Voici quelques idées :

  • Le parcours de motricité : utilisez des coussins, des poufs, des tunnels en tissu pour créer un chemin à obstacles dans le salon.
  • Les jeux de balançoire : une balançoire d’intérieur, un hamac ou même un simple tour sur vos genoux peuvent suffire.
  • La danse et les roulades : mettez de la musique et invitez-le à tourner, sauter, et faire des roulades sur un tapis épais.
  • Les jeux de ballon : s’asseoir et rebondir doucement sur un gros ballon de gymnastique est excellent pour la proprioception.
  • Les sorties au parc : toboggans, tourniquets et toiles d’araignée sont les meilleurs alliés du système vestibulaire.

En proposant ces activités, vous devenez le partenaire de son développement, et non plus le gardien de l’interdit.

La crise du « non » vous rend fou ? Donnez-lui le pouvoir dans le jeu et vous retrouverez la paix (un peu)

La « phase du non », qui se manifeste généralement entre 18 et 24 mois, est l’une des étapes les plus éprouvantes pour les nerfs des parents. Chaque demande, même la plus anodine, se heurte à un « non » catégorique. Il est facile d’interpréter cela comme de l’opposition pure, mais c’est en réalité un jalon essentiel de son développement. En disant « non », l’enfant ne vous rejette pas ; il découvre qu’il est une personne distincte de vous, avec ses propres désirs et sa propre volonté. C’est la naissance de son individualité.

Selon des professionnels de la petite enfance, ce « non » n’est pas une provocation, mais l’affirmation de sa conscience de soi et de sa volonté propre. C’est un besoin fondamental de se sentir en contrôle de sa propre vie. L’interdire ou entrer dans une lutte de pouvoir est non seulement épuisant, mais aussi contre-productif, car cela ne fait qu’intensifier son besoin de s’affirmer. Une étude sur le sujet confirme que la période du « non » se manifeste généralement entre 18 et 24 mois, durant l’affirmation de soi.

La solution paradoxale est de lui donner des espaces où il peut exercer ce pouvoir de manière acceptable. Le jeu est le terrain idéal pour cela. En lui offrant des occasions de décider, de diriger et de dire « non » dans un cadre ludique, vous nourrissez son besoin de contrôle, ce qui le rend beaucoup plus coopératif dans les moments où les règles ne sont pas négociables (comme tenir la main pour traverser la rue).

Voici comment transformer cette crise en jeu :

  • Proposez des choix limités : « Tu veux mettre le pull rouge ou le pull bleu ? » L’objectif (mettre un pull) n’est pas négociable, mais il a le contrôle sur la manière de le faire.
  • Inversez les rôles : « Et si aujourd’hui, c’était toi le papa/la maman et moi l’enfant ? » Laissez-le vous donner des ordres (raisonnables). Il adorera ce sentiment de puissance.
  • Utilisez l’humour : « Oh, tu ne veux pas mettre tes chaussures ? D’accord, je vais les mettre sur mes mains alors ! » Le rire désamorce instantanément la tension.

En nourrissant son besoin d’autonomie dans le jeu, vous n’aurez plus à le combattre en permanence dans la vie quotidienne.

Il passe des heures à transvaser de l’eau ? Ne l’interrompez pas, il est en train de devenir un génie des maths

Voir son enfant vider et remplir inlassablement des contenants d’eau, de sable ou de semoule peut sembler répétitif, voire inutile. On peut être tenté de lui proposer une activité « plus intelligente ». Grave erreur ! Loin d’être une perte de temps, le jeu de transvasement est une activité d’une richesse cognitive exceptionnelle. C’est l’une des premières et des plus fondamentales expériences de la pensée logico-mathématique et scientifique.

À travers ces gestes simples, l’enfant explore des concepts très complexes. Il découvre les notions de « plein » et de « vide », de « dedans » et de « dehors ». Il observe que la quantité d’eau ne change pas, même si la forme du contenant est différente, une première approche de la conservation des volumes. Il affine sa motricité fine, sa coordination œil-main et, surtout, il développe une compétence de plus en plus rare à notre époque : la capacité de concentration profonde. Une étude sur l’impact des jeux de transvasement montre d’ailleurs qu’ils aident les enfants à améliorer la motricité fine, la logique et la capacité d’attention.

Comme le résume un formateur en mathématiques pour enfants, « le transvasement permet à l’enfant de comprendre les notions essentielles de volume et de mesure dans un contexte ludique ». Il construit les fondations de ses futurs apprentissages mathématiques, non pas par des fiches, mais par l’expérimentation sensorielle pure. L’interrompre, c’est comme fermer un livre passionnant au milieu d’un chapitre clé.

Pour accompagner ce besoin, il suffit de lui fournir le matériel adéquat et de sécuriser l’environnement. Installez-le sur une grande serviette ou dehors. Donnez-lui des pichets, des verres de différentes tailles, des entonnoirs, des cuillères, des éponges. Vous pouvez varier les matières : eau, sable, lentilles, pâtes… Chaque nouvelle matière est une nouvelle découverte. Votre rôle n’est pas de lui montrer « comment faire », mais de le laisser explorer, observer et se tromper. Laissez-le être le petit scientifique qu’il est, et vous serez étonné de la profondeur de ses apprentissages.

Votre « grand » redemande un biberon ? Pourquoi la régression est un besoin vital et comment l’accompagner avec tendresse par le jeu

Voir son enfant, qui était propre, recommencer à avoir des accidents, ou celui qui parlait bien se remettre à babiller peut être déconcertant, voire inquiétant. On a vite fait de penser qu’il y a un problème ou qu’il « le fait exprès ». En réalité, ces moments de régression sont non seulement normaux, mais absolument nécessaires au développement. Le développement de l’enfant n’est pas une ligne droite ascendante ; il est fait de grands bonds en avant et de petites pauses pour souffler.

La régression est cette pause. C’est un retour temporaire à une étape antérieure et maîtrisée pour se ressourcer avant d’acquérir une nouvelle compétence complexe ou pour gérer un stress important (l’arrivée d’un petit frère, une rentrée à l’école, un déménagement). Comme le souligne l’Institut de Psychoéducation, la régression est une pause nécessaire pour intégrer de nouvelles compétences ou gérer un stress, et ne doit pas être vue comme un retour en arrière. C’est un besoin vital de sécurité et de réconfort.

Punir ou faire honte à l’enfant pour ce comportement ne ferait qu’augmenter son stress et donc son besoin de régresser. La meilleure réponse est l’accueil et la tendresse, en utilisant le jeu comme médiateur. Le jeu permet de reconnaître et de valider son besoin de « redevenir un bébé » dans un cadre défini et sécurisant, sans pour autant remettre en cause ses acquis.

Voici quelques pistes ludiques pour accompagner ce besoin :

  • Le « jeu du bébé » : proposez-lui de jouer « pour de faux » à être un bébé. Bercez-le, parlez-lui avec une voix douce, donnez-lui une poupée ou un biberon de jeu. Souvent, quelques minutes de ce jeu suffisent à remplir son « réservoir de sécurité ».
  • Construire une cabane : créez un petit cocon douillet avec des draps et des coussins. Cet espace clos et sécurisant lui permet de se retrouver et d’apaiser ses tensions.
  • Les jeux de maternage avec des poupées : en prenant soin d’un poupon, il rejoue ce dont il a besoin lui-même. C’est une excellente façon d’exprimer ses émotions indirectement.

En acceptant ce besoin de régression, vous lui donnez l’élan nécessaire pour repartir de plus belle dans ses apprentissages.

Du gribouillis au chef-d’œuvre : comprenez enfin ce que dessine votre enfant à chaque âge (et comment l’encourager).

Le dessin est bien plus qu’un simple passe-temps ; c’est une fenêtre ouverte sur le développement cognitif et émotionnel de l’enfant. Chaque trait, chaque forme, chaque couleur a un sens et correspond à une étape précise de sa construction intellectuelle. Comprendre ces étapes permet de mieux l’accompagner sans le brusquer et de valoriser ses créations à leur juste valeur, loin des jugements esthétiques d’adulte.

L’évolution du dessin suit un chemin universel, du simple plaisir moteur du gribouillage (vers 1-2 ans) à l’apparition du « bonhomme têtard » (vers 3-4 ans), qui marque le début de la représentation symbolique, jusqu’aux dessins de plus en plus réalistes et détaillés de l’âge scolaire. Comme l’a théorisé le célèbre psychologue Jean Piaget, chaque stade du dessin reflète une étape du développement cognitif, du sensori-moteur au symbolique puis au logique. Le gribouillis n’est donc pas un « rien », mais l’exploration du geste et de la trace, une étape fondatrice.

Ce paragraphe introduit un concept complexe. Pour bien le comprendre, il est utile de visualiser ses composants principaux. L’illustration ci-dessous décompose ce processus.

Illustration montrant l’évolution du dessin de l’enfant du gribouillage au dessin figuratif avec différentes étapes

Comme le montre cette image, chaque étape joue un rôle crucial. Le flux de données est ainsi optimisé pour la performance.

Votre rôle n’est pas de lui apprendre à dessiner « correctement », mais de lui donner les moyens d’exprimer ce qu’il a à dire à chaque étape de son développement. Pour cela :

  • Adaptez le matériel : proposez des gros feutres ou des craies grasses aux plus petits pour faciliter la prise en main et le mouvement ample. Introduisez progressivement des outils plus fins à mesure que sa motricité s’affine.
  • Valorisez le processus, pas le résultat : plutôt que de dire « c’est beau », intéressez-vous à l’histoire derrière le dessin : « Oh, raconte-moi ce que tu as dessiné ! ».
  • N’interprétez pas trop vite : un dessin plein de noir n’est pas forcément le signe d’une angoisse. L’enfant explore peut-être simplement le contraste ou la texture du feutre. Posez des questions ouvertes pour comprendre son intention.

En créant un environnement bienveillant et en fournissant le bon matériel, vous l’encouragez à utiliser le dessin comme un puissant outil d’expression et de structuration de sa pensée.

Arrêtez de dire « c’est beau » à votre enfant : la technique de questionnement qui va vraiment booster sa créativité.

Lorsque notre enfant nous tend fièrement son dessin, notre réflexe est presque toujours le même : « Oh, c’est magnifique ! C’est très beau ! ». Si l’intention est louable, ce type de compliment centré sur le résultat peut être, paradoxalement, un frein à sa créativité. L’enfant peut finir par dessiner pour obtenir l’approbation de l’adulte plutôt que pour le plaisir d’explorer et de s’exprimer. Il peut aussi développer une peur de l’échec, en se disant que sa prochaine œuvre ne sera peut-être pas « assez belle ».

La psychologue Carol Dweck, célèbre pour sa théorie sur l’état d’esprit de croissance, a largement démontré que l’éloge centré sur le processus plutôt que sur le résultat favorise la persévérance. Dire « J’ai vu que tu as utilisé beaucoup de couleurs, c’est intéressant ! » est bien plus puissant que « C’est beau ». Cela montre que vous vous êtes réellement intéressé à son travail et cela valorise son effort et ses choix, pas seulement le produit fini.

Une méthode très efficace pour engager une conversation constructive autour d’une création est la Visual Thinking Strategies (VTS). Elle repose sur trois questions simples et ouvertes qui invitent l’enfant à décrire, analyser et interpréter son propre travail :

  1. « Qu’est-ce qui se passe dans cette image ? »
  2. « Qu’est-ce que tu vois qui te fait dire ça ? »
  3. « Qu’est-ce qu’on peut y trouver d’autre ? »

Ces questions neutres et sans jugement l’encouragent à verbaliser sa pensée, à justifier ses choix et à approfondir son exploration. Vous ne vous positionnez plus comme un juge, mais comme un interlocuteur curieux. Comme le confirme le témoignage d’une éducatrice, encourager un enfant en valorisant son effort renforce sa confiance et son goût pour l’exploration artistique.

En adoptant cette posture de questionnement bienveillant, vous lui offrez le plus beau des cadeaux : la confiance en son propre processus créatif et l’envie de continuer à explorer, sans peur du jugement. Vous ne commentez plus, vous dialoguez. Et c’est là que la vraie créativité peut s’épanouir.

À retenir

  • Les comportements déroutants des enfants (jeter, grimper, dire non) ne sont pas des provocations, mais des expressions de besoins développementaux fondamentaux.
  • Changer de perspective, de la gestion du symptôme à la compréhension de la cause, transforme la dynamique parent-enfant de la confrontation à la coopération.
  • Le jeu est l’outil le plus puissant pour répondre à ces besoins de manière constructive, en canalisant l’énergie, en nourrissant le développement moteur et en validant les émotions.

Le grand jeu des émotions : la boîte à outils pour apprendre à votre enfant à naviguer dans le monde de la joie, de la colère et de la tristesse.

Une crise de colère monumentale pour un morceau de gâteau coupé en deux, des larmes inconsolables pour un jouet perdu… Les jeunes enfants sont souvent submergés par des émotions qu’ils ne comprennent pas et ne savent pas gérer. Leur cerveau n’est tout simplement pas encore assez mature pour réguler ces tempêtes intérieures. C’est là que le parent joue un rôle fondamental de co-régulateur émotionnel. Il ne s’agit pas de faire taire l’émotion, mais de l’accueillir, de la nommer et d’aider l’enfant à la traverser.

Le jeu est, encore une fois, le meilleur allié pour cet apprentissage complexe qu’est l’intelligence émotionnelle. Il permet de mettre des mots et des images sur des ressentis abstraits et effrayants. En jouant, l’enfant peut explorer la colère, la peur ou la tristesse dans un cadre sécurisé, sans être submergé. Il apprend à les reconnaître chez lui et chez les autres. Comme le souligne un expert, le parent agit comme régulateur émotionnel, aidant l’enfant à gérer ses tempêtes intérieures par co-régulation.

Créer une « boîte à outils » ludique des émotions peut grandement aider. Voici quelques jeux simples et efficaces pour apprivoiser ce monde intérieur :

  • Le miroir des émotions : faites des grimaces devant un miroir en nommant l’émotion (joyeux, fâché, surpris, triste). C’est une façon simple et amusante de créer un vocabulaire émotionnel.
  • Le théâtre de marionnettes : utilisez des marionnettes ou des peluches pour rejouer des situations qui ont provoqué une émotion forte. L’enfant pourra exprimer à travers le personnage ce qu’il n’arrive pas à dire lui-même.
  • Le dessin de la météo intérieure : proposez-lui de dessiner le « temps qu’il fait à l’intérieur de lui ». Un grand soleil pour la joie, un orage pour la colère, de la pluie pour la tristesse. Cela lui donne un moyen non verbal d’exprimer son état.

Ces activités ludiques aident l’enfant à verbaliser ses émotions et à trouver des réponses apaisantes à ses ressentis.

Plan d’action pour décoder une tempête émotionnelle

  1. Points de contact : identifier les déclencheurs immédiats de la crise (fatigue, faim, frustration).
  2. Collecte : observer et nommer l’émotion sans jugement (« Je vois que tu es très en colère »).
  3. Cohérence : valider le ressenti de l’enfant même si la cause semble minime (« C’est vrai que c’est frustrant quand… »).
  4. Mémorabilité/émotion : se connecter physiquement par un contact doux et rassurant (un câlin, une main sur l’épaule), si l’enfant l’accepte.
  5. Plan d’intégration : une fois le calme revenu, proposer un jeu (dessin, marionnettes) pour « raconter » ce qui s’est passé et trouver une solution ensemble.

En adoptant ce rôle de décodeur bienveillant, vous ne faites pas que gérer des crises au quotidien. Vous offrez à votre enfant les compétences émotionnelles qui lui serviront toute sa vie et construisez une relation basée sur la confiance et la compréhension mutuelle. La prochaine étape consiste à mettre en pratique ces nouvelles clés de lecture dès aujourd’hui.

Rédigé par Éléonore Fournier, Éléonore Fournier est psychologue du développement de l'enfant depuis plus de 15 ans, spécialisée dans l'approche par le jeu et la parentalité positive. Elle accompagne les familles pour les aider à décoder les comportements de leurs enfants et à y répondre de manière constructive.